« Quand le gouvernement viole le droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. »
Maximilien Marie Isidore de Robespierre(À la Convention nationale, le 10 juillet 1794)
Les 03 et 04 septembre courant, Radio France Internationale (RFI) nous a appris que le sieur Otto Molina Pérez, un instant seulement auparavant encore Président du Guatemala, se trouvait en garde-à-vue provisoire, c’est-à-dire en prison (!). Et pourquoi donc ? Parce qu’il venait d’être, de facto, chassé du pouvoir par un soulèvement populaire inédit qui avait déjà duré des lustres entiers.
Mais quelle magnifique leçon pour toute l’Humanité ?! Quel bel exemple en particulier pour les peuples africains opprimés, exploités, avilis ?! Me suis-je demandé.
Malheureusement, cet événement historique, (tout comme la Révolution burkinabè en date des 30 et 31 octobre 2014), qui aurait dû marquer d’une pierre blanche… l’Histoire des nations du “Sud“, apparaît plutôt étouffé par les bruits lugubres du Terrorisme des temps actuels, d’une part, et les vagues massives des “Migrations” tous azimuts de l’ère du capitalisme « mondialisé », d’autre part.
En effet, s’il est vrai, ainsi qu’il est à présent universellement reconnu, que la souveraineté des nations appartient à leurs peuples respectifs, il est aussi exact, qu’à partir du moment où un gouvernement viole systématiquement, sans vergogne, les droits inaliénables du peuple qu’il est appelé à servir, pour ce peuple, la révolte, le soulèvement global, (à l’instar d’un seul homme !), l’insurrection farouche, deviennent non seulement des droits sacrés mais, mieux, des devoirs non moins sacrés !!!
Il convient dès lors de louer le brave peuple guatémaltèque. Dès lors, il sied de signaler – instamment – l’exploit du peuple frère guatémaltèque à l’attention des peuples africains… qui croupissent sous de petites (mais ô combien cruelles !) dictatures postcoloniales.
Il y a, cependant, lieu de reconnaître, à l’actif d’Otto Molina Pérez, que, sous un ciel africain, le petit despote obscur aurait, fort vraisemblablement, provoqué un bain de sang…, par une répression sauvage, avant d’être, par la détermination du peuple, poussé à la sortie du pouvoir.
Pour ma part, en tant que militant panafricaniste, je ne doute nullement qu’un jour viendra ; que dis-je ? Je ne doute point que le jour n’est pas très loin où les peuples africains concernés emboîteront le pas… à leurs frères guatémaltèques !!! Ainsi, je cesserai de souffrir… en voyant/et ou en pensant à mes congénères d’infortune. Ainsi, je serai, enfin, en paix avec moi-même avant de passer de l’autre côté… de la barricade existentielle.
À ce propos, je souhaite reproduire ici des lignes de Jean Ziegler, tout à fait pertinentes et édifiantes :
« Quelle est ma conviction personnelle ? Elle rejoint la constatation bien connue de Feuerbach : « La conscience d’identité n’existe que pour un être qui a pour objet sa propre espèce et sa propre essence […]. Être doué de conscience, c’est être capable de science. La science est la conscience des espèces. Or seul un être qui a pour objet sa propre espèce, sa propre essence, est susceptible de prendre pour objet, dans leurs significations essentielles, des choses et des êtres autres que lui. » Seul parmi toutes les espèces vivantes, l’homme possède une conscience de l’identité. Un enfant sous-alimenté est un spectacle insoutenable pour tout homme. Emmanuel Kant écrit : « L’inhumanité infligée à un autre détruit l’humanité en moi. » La souffrance d’autrui me fait souffrir. Elle blesse ma propre conscience, la fissure, la rend malheureuse, elle détruit en moi ce que j’éprouve comme une “valeur” irréductible, le désir de ne pas souffrir, de manger, d’être heureux. Elle anéantit en moi ce que j’ai de plus précieux : mon “humanité”, c’est-à-dire la conscience irréductible de l’identité ontologique de tous les êtres humains. Ces « valeurs » n’ont rien à voir avec un quelconque instituant métasocial, idéologique ou religieux ; elles relèvent de l’évidence matérielle. Ces « valeurs » sont potentiellement universelles, parce qu’elles sont constitutives de l’homme lui-même. ».
[Cf. Retournez les fusils ! Choisir son camp. Ed. Seuil, édition de 2014, pp. 273-274]
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Peuples africains !
Voltaire aimait à répéter : « À un homme (au sens sui generis du terme) intelligent, on dit une chose, il en ajoute six, cela en fait sept, et il comprend. »
Je Nous fais confiance ! Du courage ! Salut !
Paris, le 05 septembre 2015
Godwin Tété